On parle de plus en plus du traumatisme et du trouble de stress post traumatique. Les événements traumatiques étant identifiés comme des événements durant lesquels une personne a été confrontée à la mort ou à celle d’autrui de façon soudaine et effroyable ou de manière répétée. Le DSM V (classification des maladies) nous dit que, pour présenter un trouble de stress post traumatique le/la patient(e) doit présenter un nombre minimum de symptômes parmi certains critères, tels que : les reviviscences (flash back, pensées intrusives, cauchemars…), les évitements (peur de certaines situations…) et les réactions neuro-végétatives (sursauts, irritabilité, sueurs…). Ces personnes, présentent également un trouble dissociatif (ce qui correspond à un moment d’absence par exemple, ou de déconnexion avec la réalité) et/ou des troubles de l’humeur (déprime, anxiété…).
On est maintenant d’accord pour dire, que les victimes ont besoin d’être suivies et prisent en charge pour voir leurs symptômes diminuer. De plus en plus d’hôpitaux ont leur propre consultation en Psychotrauma et le CPIV (le centre de psychotrauma de l’institut de victimologie) ne cesse de recevoir de nouvelles demandes.
Cependant, on parle moins des troubles de la sexualité consécutifs à un événement traumatique.
En effet, il n’est pas rare de constater une baisse de la libido, ou pire encore des blocages très paralysants, chez une personne ayant été victime d’un événement traumatique.
Ce trouble peut être causé par différents facteurs : l’évènement en lui-même, notamment les agressions sexuelles (viols, viols conjugaux, inceste, harcèlement sexuel…), la consommation d’alcool ou de drogues, la dépression mais aussi les traitements antidépresseurs ou autre traitement mis en place.
Très souvent ces personnes sont traitées pour le trouble de stress post traumatique sans que l’on tienne compte de la dysfonction sexuelle. Certes, un trouble de la sexualité résultant d’un traumatisme ne se traitera qu’après avoir réglé les éventuels troubles de stress post traumatique mais cette question des relations intimes est, semble-t-il, très souvent sous estimée ou évitée, par le patient voir même par le thérapeute. Cette question de la sexualité du patient, devrait être posée systématiquement : « comment se passe vos relations sexuelles ? Où en êtes-vous avec votre libido ? Que ressentez vous lors de vos rapports sexuels ? ».
On sait que la sexualité participe au bien être de l’individu, sur son bonheur mais aussi sur sa santé. Avoir des rapports sexuels réguliers, améliorerait l’humeur des individus, diminuerait le risque d’AVC, renforcerait l’attachement au partenaire en libérant plus de l’ocytocine, alors pourquoi ne pas s’en préoccuper également dans la thérapie du trauma ?
Les dysfonctions sexuelles : dans ma pratique, j’ai pu remarquer que, souvent les personnes victimes d’agressions sexuelles évitent les rapports sexuels puisqu’ils peuvent être responsables de flash back (l’impression de revivre la situation comme si), de douleurs, de tensions… mais traiter le flash back et exposer au souvenir le ou la patient(e) ne suffit pas toujours pour réconcilier la personne avec sa sexualité.
Chez les hommes, on peut retrouver par exemple des troubles érectiles, une hypersexualité, une paraphilie (des conduites sexuelles « hors norme »), un trouble du désir, un trouble de l’orientation ou de l’identité sexuelle…
Chez la femme on observe un trouble du désir, du vaginisme (impossibilité de laisser une pénétration), de la dyspareunie (des fortes douleurs lors d’une pénétration), un trouble de l’orientation ou de l’identité sexuelle…
Il ne s’agit pas de dire que toutes les personnes ayant vécues un évènement traumatique présentera automatiquement un trouble de la sexualité mais plutôt de dire, que la question est à poser de manière systématique afin de ne pas sous évaluer le symptôme.
De même, il ne serait pas juste de conclure que toute personne présentant un trouble de la sexualité a été victime d’une (ou plusieurs) agression sexuelle au cours de sa vie. Nous pouvons difficilement généraliser, mais il n’est pas interdit de s’en inquiéter et d’en tenir compte quelque soit l’histoire du patient. Si celui-ci n’exprime aucune difficulté alors tant mieux !
Après avoir amélioré les symptômes du trouble de stress post traumatique, il est alors possible de s’intéresser à la sexualité et aider à l’améliorer lorsque celle-ci dysfonctionne.
J’ai pu observer dans mes suivis, des hommes et des femmes qui exprimaient ne plus avoir de libido, c’est-à-dire qu’ils n’éprouvaient plus d’envie pour la sexualité, le désir ne se fait plus ressentir. Souvent ce symptôme s’est trouvé être le résultat du traitement antidépresseur mis en place, il suffit parfois de changer de molécule et de travailler sur la reprise de contact avec l’intimité pour permettre la libido de revenir. D’autres fois, le changement de molécule ne suffit pas, peut être même qu’il n’y a aucun traitement mis en place. Le traitement du désir hypoactif masculin et féminin se fera alors par étape : il faudra s’assurer que l’on n’est pas passé à coté d’un diagnostic de dépression (même si inversement, celle-ci peut être la résultante du Désir hypoactif), il faudra ensuite progressivement aider le patient à retrouver le contact physique avec sa ou son partenaire.
Chaque trouble de la sexualité se travaille par étape et peut pour la plupart très bien se soigner grâce à une thérapie en sexologie sexofonctionnelle, positive, corporelle et par les thérapies cognitives et comportementales.
Il me semble nécessaire d’insister sur le fait que dans toutes pratiques (médicale ou paramédicale), la question de la violence (familiale ou extra familiale) doit être systématique et de la même manière le professionnel doit oser poser la question de la sexualité auprès des patients, afin de les traiter dans leur globalité ou de le réorienter lorsque nécessaire. Le patient devrait lui aussi s’autoriser à évoquer tout ce qui lui est important.